La politique des auteurs, théorie établie par François Truffaut alors qu'il n'était que critique pour les pages du Cahier du Cinéma avant qu'il devienne un des réalisateurs émerites de la nouvelle vague cinématographique pendant les années 60's. Sa politique judicieusement inventée démontre qu'un réalisateur est par-dessus tout l'auteur du film qu'il entreprend et ainsi faisant partie intégrante de sa filmographie personnelle. En exemple facile, vous pouvez prendre la filmographie de Stanley Kubrick, ce sont des films où des centaines de personnes ont ½uvré dessus, mais ils sont tous marqués par la marque du barbu britannique. Le perfectionnisme sur l'esthétique et l'ambiance, ces jeux d'acteurs si particuliers, les thèmes abordés, on pouvait aisément comprendre que c'est monsieur Kubrick qui avait le pouvoir et non les autres. Cette théorie bien qu'inventé dans les années 50 spécifiquement pour le cinéma est désormais utilisée à foison dans tous les domaines culturels où la branlette intellectuelle est admise.
Pourquoi cette politique dans un jeu aussi con que celui-ci ? Simple, le jeu est mauvais, mais fallait que je trouve quelque chose pour remplir cette critique, enfin, je ne parle pas de cinéma et d'auteurs de façon purement aléatoire. Avez-vous déjà joué à un Dead or Alive ou un Ninja Gaiden auparavant les enfants ? Quels sont les termes qui vous ressortent généralement lors de vos sessions de jeu ? BOOBS, BASTON et SANG, exactement jeune padawan. Appelons cette règle inhérente des productions de la Team Ninja, la règle BBS. Dans Yaiba Ninja Gaiden Z, on retrouve les sujets si profonds et intellectuels qu'aime aborder le studio formé par Tomonobu Itagaki en 1995. À titre d'information, je vous rappelle que Tomonobu s'est fait virer en 2008 par ses supérieurs pour cause de harcèlement sexuel, la règle BBS fait sens, encore une fois. Qu'est-ce que ce Ninja Gaiden Z alors ? C'est grosso modo la Team Ninja qui a créé un ersatz de Wario, Yaiba un frère cupide injustement traité comme une sous-race par le reste de son clan et dont le pire ennemi est... vous le tapez dans le mille, Mario aka Ryu Hayabusa. En essayant vainement de l'affronter, Yaiba meurt haché menu. Après un séjour en enfer à se taper toutes les succubes qu'il se croise sur son chemin, il se retrouve en 2013 ressuscité et recréé façon ninja cyborg sans charisme, sauf que l'expérience à tellement bien marché que des zombies sont eux aussi dans les rues, réclamant du sang et des boobs.
Du sang oui il y en a les mecs, des boobs un peu moins, des vannes foireuses beaucoup. Avez-vous déjà pensé vous retrouver face à un prêtre zombi qui sort d'un sex shop en feu après que vous avez envoyé quelques secondes plus tôt un camion entre les deux jambes équipés de jarretelles qui sert d'enseigne au bâtiment ? La blague en dessous de la ceinture improbable, bien joué les gars. Ok je ne vais pas vous énumérer tout ce qui ne va pas dans le traitement du jeu, il y a trop de points où ça part en vrille. L'humour du jeu, ce côté subversif et provocateur est complètement à la ramasse pour plusieurs détails. L'humour global du jeu se veut salace, je n'ai rien contre, beaucoup de jeux réussissent le coup de me faire rire comme un con avec ce genre d'humour, en preuve le dernier gros épisode interactif de South Park, mais ici le manque de créativité se ressent à chaque ligne de dialogue ou d'événements scriptés. Le jeu est partiellement développé par la Team Ninja, mais la majorité a été mise à contribution par le studio californien Spark qui ont fait l'énorme nanar difforme Turning Point : Fall of Liberty en 2008. Délocaliser et accorder à des Occidentaux de reprendre une licence japonaise et de l'occidentaliser est un exercice casse-gueule, nous nous souviendrons des deux derniers Silent Hill (Homecoming & Downpour) pour confirmer le côté perte et fracas, de l'autre il est possible que l'exercice soit réussi comme le reboot de DMC. Non là c'est mauvais, réussir à donner confiance et confier un jeu à un studio dont le meilleur "boulot" était un add-on de COD en 2004, c'est un indice pour le CEO de Tecmo/Koei de se dire qu'il faudrait commencer à botter des trains dans les bureaux.
Spark peut être un bon studio, à vrai dire, ils se sont déjà plantés sur trois projets AAA (Turning Point, Legendary, Lost Planet 3) qui ont coûté des blindes pour chaque éditeur qui ont commandé chez Spark sans rapporter de bénéfices. En fait, même si je ne connais pas personnellement les salariés de cette entreprise, mais au vu de leurs moyens propres (une société non-côté en bourse) et les échecs permanents. Une remise en question et une restructuration des activités vers des jeux plus accessibles et moins coûteux à développer pourraient réveiller leurs talents plutôt que de se casser le chou avec des projets foireux de base. Après je suis bienveillant envers le studio, mais si on revient sur la partie "humour" que j'ai entamée avant de partir en hors-sujet, on retrouve que très peu d'idée orignale. Au début quand on voit un des antagonistes qui commencent par balancer des vannes sans aucun sens , on se dit que ça ressemble vainement au Beau Jack dans Bordelands 2 ou quand bien même on retrouve du Deadpool dans l'attitude de Yaiba, on retrouve aussi le style graphique à l'esthétique comics-books de la licence de Gearbox, Coïncidence ? Ça serait être con d'y croire. Petite anecdote journalistique des internets, Yaiba Ninja Gaiden Z c'est fait accueillir froidement par les collègues de presse, mais généralement, ils étaient tous d'accord que ça ressemble énormément à Deadpool mais en moins bien. Deadpool n'était pas un jeu remarquable, car fini avec un tout petit budget, il jouait avec plaisir sur les codes des jeux vidéo en brisant quarante fois le quatrième mur et c'était vraiment sympa à participer au délire.
Cette fausse personnalité dans l'humour et le design n'est en fait que la partie immergé de l'iceberg et du peuple de pingouins castrateurs qui y vivent. Imaginé que vous jouez à un beat them all qui reprend les codes du genre, mais en plus l'idée d'autres jeux. OUAH, il y a des mecs qui s'inspirent GRANDEMENT des idées des autres ? Oui je sais ce n'est pas nouveau, plein de jeux de la septième génération (PS3, 360 Wii) se sont mutuellement pompé les idées des uns et des autres, mais ici toute la partie concernant le gameplay est aussi plate en créativité que les blagues. Les seules choses que le jeu a essayé d'entreprendre pour changer un tout petit peu le schmilblick du genre, c'est en implantant un système qui nous permet de nous équiper des bras de certains zombies spéciaux pour upgrader vos aptitudes de façon périodique. Le jeu vous laisse aussi la possibilité de jeter les zombies en tant que projectiles et même certains zombies brûlés, électrisés peuvent être utilisés pour progresser dans les couloirs du jeu (exploser un mur, faire marcher le rouleau compresseur), mais c'est trop scripté pour être utile, dommage. Le pire, c'est que Kenji Inafune a participé au développement. Ce développeur est encore considéré comme un semi-dieu vivant avec sa créativité débordante et son Curriculum Vitae aussi gros que le cul de vos mamans. De le voir ici, crédité à la fin du jeu, ça fait peur, parce qu’il a contribué à d'énormes jeux qui ont construit l'identité et la réputation d'une autre grande société de développement japonaise qu'est Capcom. On a Kenji Inafune, la Team Ninja BBS style et un studio qui rate tout ce qu'il entreprend, avec ce postulat on part sur une affiche du Bon, la Brute et le Truand sans Leone, sans Morricone, sans Eastwood, sans Cleef...
On est en 2014, j'ai l'impression avec le gameplay de retourner en plein air du minimalisme. Toutes les mécaniques de gameplay sont au minimum syndical. Les combats sont brouillons, c'est mal animé, peu fluide. On tape dans plein d'ennemis de façon dynamique certes, mais sans se rendre compte, on a pas le feeling viscéral qu'on retrouve dans des excellents Beat them all moderne comme Bayonetta ou God of War III, même des anciens comme Street of Rage II sorti sur megadrive est plus fun à jouer aujourd'hui. Quid de ne pas être original, il se construit sur les mécaniques balisées des jeux de la 7ème génération comme ce que j'ai déjà reproché à Castlevania : Lors of shadows 2, vous retrouvez les arbres de compétences, un tutoriel au début mal ficelé qui vous charcute les combats toutes les 30 secondes pour vous expliquer un mouvement, une attaque ou une exécution, exécution qui charcute elle aussi le rythme des combats avec des microcutscene pour montrer a quel point vous êtes un guedin. C'est une idée, mais pourquoi avoir sapé la pierre angulaire de ce que doit être un Beat Them All fun, le déroulement des castagnes ne doit pas être saccadé par des notifications et des kilo-moule de chargement. D'habitude je reste plutôt clément par rapport aux chargements, c'est un truc inhérent des jeux vidéo, ce n’est pas un souci, par contre, le problème vient de la difficulté mal dosée. L'association d'idées ? C'est un des dommages collatéraux dû à deux problèmes entre le chargement et cette difficulté, à titre d'idée, j'ai bloqué sur le clone de REX qui me mettait pâtée sur pâtée. Comme à chaque mort on avait le droit à un chargement de 20 à 30 secondes, je me suis laissé le temps d'écrire la critique à ces moments frustrants. Ça aurait pu être un jeu convenable, on ressent l'effort dans l'enrobage sauf que c'est complètement à côté de la plaque pour plaire à qui que ce soit.
Je ne suis pas LE spécialiste de Beat Them All, Toma Überwenig (NDT : oula, moi non plus, mon gars, moi non plus, j'utilise deux crédits pour passer le stage 1 de Double Dragon, sache-le!) pourrait étayer mon propos en allant encore plus dans le détail pour dire que le jeu est nul, mais est-ce que ça aurait de l'intérêt ? Peut être si on détaille la place prépondérante de la bimbo Miss Monday, insupportable, qui fait office de base pour qu'on la retrouve dans les mots clés "hentai" et "rule 34" au côté de Dead or alive ou [insert ton jeu d'otaku] plusieurs années plus tard pour tomber dessus au hasard d'une recherche, pour une énième babe d'un jeu pour confirmer mes propos qui comme Yaiba Ninja Gaiden Z jouera la carte BBS qui se veut subversive, sans fond et sans intérêt.